Sur une table de collège se déploient les enjeux liés à l'amitié, aux relations entre les garçons et les filles, et celles qu'on entretient avec sa famille et les adultes. On y parle de son corps, de ses sentiments, de ses doutes et de ses rêves.

Un futur spectacle de théâtre d’objet pour tous les publics à partir de 10 ans

____
Note d'intention de Lucien Fradin : 

C’est pendant l’entre-deux-tours des législatives de 2024 que je me suis demandé à nouveau ce à quoi pouvait bien servir de faire des spectacles. Qu’est-ce qui, à mon échelle, serait une façon de résister, un tant soit peu ?

Pendant l’été, je croise Kelvyn, mon filleul (que l’on croise dans mon précédent spectacle, FILLEULS), il vient d’avoir 18 ans. Je lui demande s’il a voté, il me dit que non, que ce sont tous des pourris. Et il ajoute : “Par contre, tu sais, Bardella il est le seul que l’on voit sur TikTok. Alors moi je sais qu’il faut pas voter pour lui, mais dans les vidéos, il est super sympa, on le voit tout le temps, et à la fin, tout le monde l’aime bien”.

Betty, ma petite soeur, celle de la vraie vie, travaille auprès de post-adolescents, et les accompagne dans des projets associatifs et de vie. On dit éducation sociale et solidaire. Quand je lui ai demandé de raconter l’intimité de son collège (c’est ainsi que je commence souvent mes projets), elle a plutôt eu envie de parler des groupes qui s’y forment, de celleux qu’on exclut, des corps dont il faut prendre soin, des rapports entre copines, des relations qu’il faut cajoler. Plutôt que d’histoire personnelle, on a finit par se mettre d’accord qu’on voulait parler d’histoire collective.

Depuis Eperlecques, mon premier solo, on m’ouvre la porte des collèges pour raconter mon histoire d’abord, puis pour discuter ensuite de ce qu’est le désir, la découverte de l’homosexualité, l’homophobie aussi. Le spectacle date de 2016, il raconte des choses avec un fond et une forme qui ne sont plus celles que je choisirais aujourd’hui. Mais je veux continuer à aller rencontrer les collégien·nes, pour ne pas qu’on se déconnecte, que l’on continue à se parler.

Ce que je fais le mieux, je crois, c’est de proposer des contre-discours. J’essaye dans chacun de mes spectacles de tordre les évidences, pour en extraire des débuts de solutions nouvelles, d’autres façons d’être au monde, et d’être les un·es avec les autres, peu importe qui sont les unes et peu importe qui sont les autres.

L’envie avec cette nouvelle création, loin de proposer un spectacle moral, c’est de partir d’une fable pour donner de la matière à voir, à penser, et puis de discuter ensemble, et voir ce qu’on a envie d’en tirer. Faire en sorte qu’il n’y ait pas que Bardella qui raconte des histoires aujourd’hui. Nous voulons raconter nos histoires aussi. Et prendre le temps d’écouter celles des collégien·nes en face de nous.