Bienvenue à la maison - Lucien Fradin
Portraits détaillés
Bienvenue à la maison
Du 3 au 7 février, Lucien Fradin est en résidence d'écriture à la maison des artistes et des citoyens pour sa prochaine création Portraits détaillés.
Durant cette période, il vous invite à découvrir l’évolution de son écriture. Une performance chaque jour renouvelée, autour d’un apéro.
Note d'intention (provisoire)
La question gay (en référence au livre Réflexions sur la question gay de Didier Eribon) traverse mon travail depuis plusieurs années. Lors de mes deux dernières créations, Eperlecques et Wulverdinghe, j’ai abordé celle-ci via le prisme de l’autofiction. Depuis mon adolescence et la découverte du désir dans le premier jusqu’à une approche plus queer en lien avec mes expériences intimes et militantes plus récentes, la volonté de faire entendre des récits qui sortent des représentations classiques de l’homosexualité encore trop schématiques s’avère être un fil conducteur dans ma prise de parole artistique. Certes ces spectacles abordent d’autres thématiques (la famille, la ruralité, les pratiques ésotériques, etc.), mais le discours situé que je défend m’emmène à proposer chaque fois des lectures non-hétérocrates des vécus de ma communauté LGBTQ+.
Lors d’un bord-plateau suite à une représentation de Wulverdinghe, une spectatrice qui se définissait comme hétérosexuelle disait que ces récits lui avaient fait du bien parce qu’il lui semblait que nos orientations et identités sexuelles différentes faisaient que l’on vivait souvent à côté mais pas ensemble, gardant nos récits intimes séparés les un.e.s des autres. Cette intervention a redonné de l’eau à mon moulin, et me voici de nouveau sur les pistes de l’histoire des gays.
Un autre déclencheur de ce désir de replonger dans ces récits est un cadeau que l’on ma fait. Une antiquaire avait confié à des amies un carton plein de lettres retrouvé dans un grenier. Ces lettres sont la réponse à une petite annonce postée en 1983 dans le magazine Gay International. On y découvre des façons de se raconter et de se rencontrer de manière épistiolaire et dans des temporalités qui ne sont plus celles d’aujourd’hui.
Cette fois, il ne s’agira donc pas de partir de mon vécu, mais plutôt de dresser une galerie de portraits des gays, pédés, bis, homos qui m’entourent, que j’ai pu lire, dont j’ai pu entendre les chansons, etc. Par l’accumulation des matières textuelles, visuelles et sonores et un travail de montage-collage qui pourra se réinventer à chaque performance, je proposerai un kaléidoscope qui permette de sortir des représentations unilatérales de notre communauté.